To George Thomson, Edinburgh
Vienna, November 1, 1806

Anderson v1 pg154-156 - letter #136

 

 

Monsieur!

       Une petite excursion, que j'ai faite en Silésie, est cause que jusqu'à present j'ai differé de repondre à votre letter du I de juillet. - Enfin de retour a Vienne je me hâte de vous faire parvenir mes remarques et résolutions sur ce que vous avez bien voulu me proposer. -- J'y mettrai toute la franchise et précision que j'aime dans les affaires, et qui seules préviennent toute plainte de part et d'autre. -- -- -- Voici donc monsieur mes declarations:

       1 Je ne suis pas éloigné d'entrer dans vos propositions en general;

       2 Je m'éfforcerai de render les compositions faciles et agréables autant que je pourrai, et autant que cela peut s'accorder avec cette elevation et cette originalité du style, qui selon votre proper aveu caracterisent mes ouvrages assez avantageusement, et don't je ne m'abasserai jamais; --

       3 Je ne peux pas me resoudre de travailler pour la flute, cet instrument étant trop borne et imparfait;

       4 Pour donner plus de variété aux compositions que vous publierez, et pour avoir moi même un champ plus libre dans ces compositions, où la tache de les render faciles me gênéra toujours, je ne vous promettrois que trois trios pour un violon, alto et violoncello, et trois quintettos pour deux viol, deux altos et une violoncello. Au lieu des autres trois trios et trois quintettos je vous donnerois trois quatuors, et enfin deux sonates pour le pianoforte avec accompagnement pour 2 violons et flute et un quintetto -- En un mot je vous prirois, en ce qui regarde la euximème livraison des compositions que vous demande, de vous reposer entiérement sur mon gout et sur ma loyauté, et je vous assure que vous serez tout a fait content -- Du reste si cette modification ne vous convient aucunement je ne veux pas y insister avec opiniâtreté. --

       5 J'aimerais si la deuxième livraison de compositions seroit rendue publique six mois après la première;

       6 Il me faut une declaration plus nette sur l'expression que je trouve dans votre letter, qu'aucune copie imprimée par mon autorité ne seroit introduite en la Grande Bretagne; car, si vous consentez que ces compositions seront aussi publiées en Allemagne et même en France, je ne vois pas, comment je pourrai empêcher que des exemplaires ne seront pas introduits dans votre pays. --

       7 Enfin en ce qui regarde le honoraire, j'entends, que vous m'offrez £100 l'argent de la Grande Bretagne ou 200 ducats de Vienne en especes et point en Billets de Banque de Vienne, qui dans les circonstances presents perdent trop, pour que la Some, payee en ces Billets, fût tant soit peu proportionnée à l'ouvrage que je vous livrerai et à l'honoraire que je reçois pour toutes mes autres compositions. -- L'honoraire même de deux cent ducats en especes ne payera pas trop touit ce qu'il faut pour satisfaire à vos demandes. -- du reste le payement pouvra se faire le mieux si à l'époque où je vous enverrai la première et la deuxième livraison de compositions vous me remettrez par la poste chaque fois une letter de change à la valeur de cent ducats en especes dressé sur une maison de comerce à Hambourg, ou si vous chargez une personne à Vienne de me remettre chaque fois une telle letter de change en acceptant de moi la premiere et la deuxième livraison. --

       J'espère que vous trouverez mes declarations justes et tells que nous nous pourrions bien accorder definitivement. -- Dans ce cas il serait bon de dresser un contra ten forme, que vous aurez la bonté de faire in duplo, et don't je vous remettrai un exemplaire avec ma signature. --

       Je n'attends que votre reponse pour me mettre à l'ouvrage et je suis avec une consideration distinguée monsieur

                                 Votre très humble
                                                          Louis van Beethoven

P.S. Je veux encore satisfaire à votre souhait d'harmoniser des petits airs écossais, et j'attends la dessus une proposition plus precise, sachant bien qu'on a donné à Mr. Haydn un £ argent de la Grande Bretagne pour chaque air. --

       Vous me marquerez en même tems le jour où chaque libraison sera rendue publique par vous, pour que je puisse obliger les éditeurs qui publieront les mêmes compositions en Allemagne et en France de s'y conformer

                                                         Louis van Beethoven